La Biodiversité, agent de transmission
"En dernière année de conversion Bio, on a besoin de tout le monde"
Quand la vigne est une petite madeleine au goût de souvenirs d’été, il est difficile de s’en détacher. « Pourtant, en nous faisant travailler dur dans les vignes pendant les vacances, mon père, coopérateur de la cave de Fronton, a tout fait pour nous dégouter, estimant que le vin, dont les cours s’effondraient à la fin des années 1970, était une impasse économique » reconnait Frédéric RIBES, qui décide quand même de tenter l’aventure vitivinicole avec son frère » Mammouth » et sa femme Cathy. Les 6 hectares en appellation sont restructurés, les hybrides arrachés pour planter négrette, syrah et cabernet sauvignon, le vignoble s’étend à 9 hectares. » On a acheté les cuves avec un prêt étudiant, on s’est endettés pour construire un chai, et on a quitté la coop pour démarrer avec 120 hl en rouge, rosé et zéro clients. À l’époque, il y avait peu de caves particulières et encore moins qui vendaient à la bouteille ; c’est grace à des salons à l’étranger comme le Mondial de Bruxelles que l’on a commencé à gagner une reconnaissance et à voir arriver des cavistes qui, à l’époque, comme les importateurs, se déplaçaient souvent dans le vignoble. » Mais, c’est un passage sur Canal+ avec un certain Jean-Pierre Coffe qui va » amorcer la pompe et générer le plus de contacts « . Les Ribes se sont progressivement étendus – le vignoble compte aujourd’hui 40 hectares -, et n’ont cessé de progresser en qualité : » Par nous-même, car notre père, venu d’Algérie, était surtout bon en élevage et en agriculture extensive, mais il nous a fait confiance. » À l’heure où Mammouth songe à prendre sa retraite et Frédéric à lever le pied, la relève semble assurée. Anne, la dernière de Cathy et Frédéric, a laissé tomber des études en biologie pour rejoindre un parcours vite-oeno ; elle à réfléchi avec son cousin Grégoire, qui a fui la maintenance industrielle à Paris pour refaire un BEP agricole, et les voilà revenus au domaine en dernière année de conversion bio » où on a besoin de tout le monde « . Grégoire plutôt dans les vignes, Anne à la cave et au commerce, ils s’impliquent dans les projets collectifs, projettent de planter bouysselet et assyrtiko pour developper les blancs, veulent tester le cabestrel, un nouveau cépage tardif en rouge, et pensent monter en puissance sur les bulles.
Terre de Vins – Hors Série Occitanie Octobre 2021 – p. 71 par Frédérique Hermine (Photo : Emmanuel Perrin)