Elixir
Juin 2025
“Anne Ribes orchestre les vinifications du domaine familial, en binôme avec son cousin Grégoire”
À un jet de pierre de la Ville Rose, sur la commune de Fronton, Anne Ribes écrit le nouveau chapitre d’une saga familiale initiée dans les années 80. Pourtant, pour cette jeune vigneronne, prendre la relève n’était pas une évidence.
« J’ai des grands frères et des grandes sœurs mais ils ont fait d’autres choix de carrière. Je me suis vite dit que si je ne reprenais pas, ça allait se perdre », confie-t-elle.
Fille de Frédéric et Cathy Ribes, figures emblématiques de l’appellation depuis les années 1980, Anne s’est d’abord accordé un détour. « Je suis partie dans un cursus d’ingénieur agronome pour me laisser la possibilité de faire autre chose de ma vie » explique-t-elle.
Un an plus tard, alors qu’elle accompagne sa famille sur un salon des vins à Montréal, le déclic : « J’ai adoré cette expérience. J’ai pris un plaisir fou à vendre le vin. »
La décision est prise : la jeune femme se forme d’abord à Montpellier, où elle passe un BTS viticulture-oenologie, puis se dirige vers Châteauneuf-du-Pape pour réaliser ses premières vinifications. « J’ai pris la mesure de ce que c’est que de s’occuper de cette partie : sans toi, les vinifications ne se font pas. Tu es le dernier maillon du travail de l’année.” Une responsabilité qui renforce sa détermination à perpétuer l’œuvre familiale.
Le destin lui réserve une autre surprise : son cousin Grégoire, après un passage au domaine pour aider à la taille, trouve également sa voie dans l’exploitation. La “rencontre” transforme un projet individuel en aventure collective. “M’associer avec Greg, c’était hyper important pour moi. On se respecte énormément et on travaille bien en binôme.”
Héritiers de 38 hectares où règne en majesté la négrette, cépage emblématique de Fronton, Anne et Grégoire impriment progressivement leur marque.
La conversion en bio, d’abord, « une formalité parce que 95 % du travail était fait. » La création de nouvelles cuvées, ensuite, qu’ils élaborent avec Frédéric, le père d’Anne. L’augmentation du cheptel de moutons, enfin, qui pâturent dans les vignes durant l’hiver.
Leur dernière expérimentation ? Le Bouysselet, cépage local oublié qu’ils ont récemment greffé. Une façon de conjuguer patrimoine et innovation, dans la continuité de ce que les précédentes générations ont initié.
Entre la cave où elle orchestre les vinifications, et les salons où elle valorise le travail du domaine, Anne Ribes navigue avec une aisance naturelle, portée par une double passion : « celle du métier et celle de la famille ». Deux dimensions qui, au Domaine Le Roc, sont étroitement liées.
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